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Je me souviens, maintenant.

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Une odeur de feu de fortune, se nourrissant de combustibles plus ou moins recommandables. Fragrance de plastique fondu, d'essence, de bois aggloméré se changeant peu à peu en cendres, je me souviens du halo de chaleur caressant tendrement mes joues.
C'était une soirée plutôt douce. Nous nous trouvions dans une ruine envahie par le sable. Petite bicoque battue par les vents et les tornades, nous avions pour seul toit ce soir là, la voûte céleste elle-même, étoiles luisant au loin comme milles et unes lucioles au delà du plafond effondré de la bâtisse.
On entendait parfois quelques insectes faisant vibrer leurs ailes dans un chant de solitude, accompagnant les doux crépitements de notre feu de camp en cette soirée à l'ambiance de fin des temps.
J'étais allongée, tu étais assis, à l'autre bout de cette pièce au papier peint délavé, rongé par les pluies acides, laissant entrevoir un béton devenu friable qui constituait autre fois l'essentiel des immeubles que nous habitions. Enfin, les habitions nous, ces immeubles ? Je ne saurais le dire. Sans doute est-ce encore trop tôt pour cela.
* * *
Tu aiguisais la lame de ton Nopin-L contre un gravas, couteau de survie que tu avais su tenir en bien meilleur état que je n'avais su le faire avec le mien. Je revois alors ton visage. Éclairé par les flammes dansantes, il avait un pli concerné, une mine grave. Oui, je me souviens maintenant, ce soir là était notre dernier en zone MIDA avant un moment.
Alors que je t'observais te préparer au pire, yeux mi clos, je sais que j'étais bien moins craintive que toi à l'idée de me défaire temporairement de mon immortalité. Sans doute, compagnon, ces attitudes contradictoires furent elles la raison de l'ambiance bien calme de cette soirée, ou ni toi ni moi, seules âmes humaines à la ronde, ne nous nous accordions mots.
Mais je me souviens alors, que j'entendis quelque chose se mouvoir dans mon dos. Hélas, étant si épuisée par nos derniers jours de marche le ventre presque creux, je n'en fis rien. Jusqu'à ce que le bruit se changea en respiration fébrile, en souffle saccadé dans ma nuque. Chaud, presque visqueux, entrecoupé de petit grondements à peine sonores ou bien de gémissements fébriles.
On tirait doucement sur mon baluchon que j'avais placé sous ma joue en guise d'oreiller. Sans doute craignait on de me réveiller, vu le peu de franchise dont faisaient preuves les tentatives de me le substituer.
Un autre petit coup, puis deux. Je te regardais avec des yeux ronds mais tu semblais ailleurs, préparant inlassablement ton maigre arsenal.
Encore une fois, puis une autre, dans un piaillement victorieux mon coussin de fortune se fit la malle et je me retrouva la tête dans le sable. D'une main je saisis ma lame rouillée gisant non loin de ma couchette, la pointa dans la direction du voleur en ayant à peine pris le temps de me rasseoir, pour simplement rencontrer, quelques mètres après le trou dans le mur auquel je faisais dos, un regard luisant.
Deux orbes d'ambres vertes brillaient dans le noir, soutenant ma vue dans quelques souffles sonores et gutturaux. Passées quelques secondes je discerna dans l'ombre, le propriétaire de ces globes hallucinés.
C'était un Coyote. Maigre comme un phasme, se tenant avec une drôle d'allure sur les immense cannes lui servant de pattes, la silhouette rachitique tenait mon baluchon dans sa gueule. Et à peine eut il compris que je l'avais vu qu'il disparu de mon champ de vision en quelques bonds, me laissant défaite de mes maigres bagages.
* * *
Je lâcha mon arme, reposa mes fesses au sol, et tourna la tête vers toi, hébétée et confuse de m'être ainsi faite prendre.
On s'échangea une œillade, tu compris visiblement car il me semblait voir tes traits se dérider l'espace d'un instant.
Je me souviens avoir soupiré, regardant au loin par delà la fente menant sur le désert. Sans doute l'animal venait il de gaspiller ses dernières forces : il n'y avait rien de comestible dans sa prise tant convoitée.
La nuit se passa sans encombre. À l'aube, je retrouva mes affaires éparses en contrebas de la dune. Quelques traces de crocs dans de la ferraille, des tissus partiellement ingérés puis vomis, plus de trace de la bête qui s'en est certainement allé mourir à l'abris des regards.
Lorsque tu arrivas à ma hauteur, tu fis face à la portion de sable face à nous avant de m'attendre.
C'était notre dernière ligne droite. Toi, tu n'en savais rien. Mais quelques jours plus tard, après avoir tutoyé la mort plus de fois que nécessaire, nous arrivions à la ville. Terre promise, Oasis dont l'appel m'avait guidé à ses portes, c'est autour d'un feu de camp, alcool égayant mon âme que je me souvint de cette drôle de soirée, celle où malgré toutes les infâmies que tu me conta plus tard,